Le temps pour le tempo

 

Thomas Rime

 

 

 

 

 

            Je fais régulièrement des interventions de slam dans différents colloques. Moi, j'appelle ça des croquis sonores. Je caricature ce que les intervenants disent et je le restitue en très peu de temps. C'est une activité comme une autre : cela demande du temps et du travail. Il arrive que les gens me demandent "mais les trucs que tu fais dans les colloques, les organisateurs ils sont au courant ou tu fais cela sans les prévenir?"

 

            Alors en fait c'est une vraie activité, un vrai métier, aussi surprenant que cela paraisse. Les gens m’appellent et ils me demandent de venir. Et en plus, ils me payent. Mais malheureusement, cela ne me suffit pas pour en vivre.

 

            En fait je suis mi- intermittent. Intermittent à mi-temps si vous préférez. Parce que tout cela ce n'est qu'une question de temps.

 

            Ce week-end, je suis allé voir un spectacle qui était le fruit de la rencontre entre une troupe de circassien complètement déjantés et des patients et soignants d'un hôpital de jour dans les quartiers nord de Marseille. Les circassiens étaient vraiment impressionnants par leurs capacités acrobatiques (moi cela m'impressionne toujours ce que le corps humain est capable de faire). Et le responsable de la troupe a dit quelque chose qui m'a vraiment marqué : "tout ce que je fais (c'est-à-dire sauts périlleux, accros etc.) vous pourriez tous le faire. Il s'agit juste d'une question de temps. Du temps que vous passez à travailler cela. "

 

            Si l'on réfléchit un peu, on pourrait se dire que la seule chose que l'on "possède", la seule chose dont on puisse disposer, c'est du temps. Nous disposons du temps qui va de notre naissance à notre mort. Nous n'avons pas grande information sur la durée de ce temps. Nous ne pouvons pas non plus agir dessus, mais par contre nous pouvons disposer de chaque instant.

 

            Notre temps à tous est compté ; et le mien particulièrement parce que je suis sensé ne pas trop abusé de votre temps, surtout si c'est pour ne rien dire.

 

            Il y a quelques temps, Robert Brès m'a demandé si je ne voulais pas intervenir sur le temps, le tempo, enfin un truc comme ça.

 

            J'ai dit "oui" mais je vous avoue, de vous à moi, qu'à mesure que le temps passait, j'ai commencé à me décomposer : composer je connais / des comptes à posés aussi / décomposer la langue, ça oui / mais être aussi assis ici et dire des trucs sensés / enfin des trucs ou le sens est plus important que la forme / cela me fait un peu stresser.

 

            Je me suis dit qu'il fallait partir de la base, de l'essence de ce qui fait qu'on est tous là aujourd'hui : c'est-à-dire la clinique, la rencontre avec les patients, les usagers, peu importe comment on les appelle, du moment qu'on garde en tête que ce sont des personnes et pas des chiffres.

 

            Parce qu'il faut que je vous dise : que si je suis intermittent à mi-temps, je suis aussi psychologue le reste du temps. Je travaille dans un IME à Jacou qui s'appelle La Pinède. Un IME c'est un Institut Médico-Educatif, c'est-à-dire que l'on s'occupe de l'éducatif et du prendre soin d'enfants, d'ados et de jeunes adultes.

 

            Actuellement, les IME sont des lieux avec une file d'attente de 2 ans, dans le meilleur des cas. C'est-à-dire qu'entre le moment ou des parents (ou des professionnels) font une demande d'admission pour un enfant, cela prend 2 ans, 3 ans ou 4 ans avant que cet enfant soit admis tellement il manque de place. Même si tout le monde (parents, professionnels, enfant) est d'accord pour dire que tel enfant a tout-à-fait sa place dans l'institution. Ça, c'est le temps des chiffres, qui fait que l'on ferme des places alors qu'il y a de plus en plus de besoins. C'est le temps administratif, le temps des économies à court terme, le temps de la bêtise managérial, le temps bureaucratique, le temps de ceux qui pensent que "le temps est une valeur absolue".

 

            Alors que c'est faux : le temps est une valeur relative. Le temps vécu est bien plus important que tout autre temps, car le temps loge hors de l'horloge. Mais ça : le manque de place et tout le reste, les collègues du collectif de l'appel du 7 en parleront demain.

 

            Je reviens à mon propos : je bosse dans cet l'IME depuis 3 ans. Je suis arrivé dans le service de l'internat depuis le début de l'année. L'internat est un service bien particulier. Notamment par rapport à la question du temps. En effet c'est un moment où le temps n'est plus organisé pour les jeunes qui y sont accueillis. Les temps de l'internat sont bien spécifiques : les soirs ou le mercredi après-midi. Plus de cours, plus d'ateliers, plus d'activités imposées... Les jeunes peuvent faire ce qu'ils veulent de leur temps. Vous n'imaginez pas comme cela peut être difficile pour bon nombre d'entre eux.

 

             A l'internat, chaque jeune à sa chambre. Il y a aussi une cuisine, un bureau pour les professionnels et une salle principale, relativement grande.

 

            Depuis que je suis arrivé, il m’arrive régulièrement de prendre une guitare laissée dans le bureau des professionnels pour m’installer dans la salle principale et jouer quelques accords.

 

            Je fais un peu de guitare et je chante, généralement en espagnol. Je ne suis pas le seul professionnel à jouer. Il y a Marcello, le veilleur de nuit (qui ne joue pas la nuit, mais parfois le matin), Alain, un chauffeur qui vient parfois jouer à l’internat entre deux accompagnements. Et auparavant il y avait aussi Loïc et Damien, qui étaient là à l'ouverture de l’internat, il y a environ 8 ans et qui jouaient aussi. Donc, "la guitare" était présente dès l’origine du service. C'est important l'histoire. Pouvoir resituer les choses dans le temps. Parce que dans une institution, on est toujours inscrit dans une histoire qui nous dépasse. Avec ses symptômes, ses refoulements, ses clivages, son ambivalence, etc.

 

            Signe de la présence de la musique et des musiciens, à l’internat il y a trois guitares : celle qui est de mauvaise facture et à laquelle il manque des cordes. Celle-là, elle est toujours rangée dans sa house, comme cachée, comme oubliée, recouverte de poussière. Je me dis parfois que c’est la guitare refoulée, la part d’ombre : le ça.

 

            Il y a aussi la guitare folk, aux cordes métalliques. Je ne sais pas si vous connaissez la guitare, mais les guitares folks se jouent en général avec un médiator. Les cordes sont plus tranchantes mais aussi plus sonores, plus brillantes… Si je continue ma petite mélodie associative, je pourrais dire qu’il s’agit de la guitare du sur-moi.

 

            Et puis, il y a la guitare qui est la plus utilisée. C’est une guitare classique, les cordes sont en nylon. Son touché est plus doux, son son est plus chaud, plus rond. Elle est facile d’accès. Je dirais que c’est l’instance du moi. Enfin, je dirais plutôt que c’est l’instance que moi, je préfère jouer.

 

            Cette guitare-ci n’est pas à moi. Car j’ai appris, après plusieurs mois dans ce service, que la guitare qui n’est pas à moi, et que j’appellerais guitare du moi, était à Marion, la chef de service (fonction du sur-moi ?).

 

            Finalement, on peut dire qu'il y a trois instances qui nous constituent : l'instance du ça, du moi et du sur-moi et ça, que l'on fasse de la guitare ou pas. Mais revenons à notre propos.

 

            Moi, je joue gitan. Enfin j’essaie. Comme le dit le grand penseur, mathématicien et musicien Boby Lapointe, il y a deux manière de jouer du violon : "soit tu joues juste, soit tu joues gitan". Et bien c’est pareil pour la guitare. Non pas que les gitans jouent faux. La musique gitane peut être dissonante mais ça sonne. Et surtout ils jouent… Ils font sonner l’instrument et c'est là toute l'essence de la musique selon moi.

 

            Bref, j’adore la musique gitane. Je joue de la rumba et je chante en espagnol. Les jeunes disent que je chante comme un gitan. Je n’ai jamais su ce que cela voulait dire pour eux. Mais moi, je le prends comme un compliment.

 

-Tu chantes comme un gitan

 

-Merci

 

-Hahaha, Thomas le gitan !

 

            Bon, de toute façon, ce sont des ados. Ils ont besoin de comparer, de tester. Ils me disent que je ressemble à un acteur turc dont ils ont oublié le nom. Ils me disent que je ressemble à Drake parce que j’ai une cicatrice sur le haut de la tête quand je me rase. Ils me disent que je ressemble à leur père… J'avoue que, dans ce dernier cas, je ne suis pas certain qu’il faille que je le prenne bien. Mais dans le doute, je ne dis rien. Et j’écoute. Parce que mon boulot c’est ça : écouter.

 

            A la Pinède, je suis psychologue, comme je vous le disais. Mais en fait, c’est juste une couverture. En vérité ce que je fais, je vais vous le dire : je m’amuse. Je joue. Parfois je fais aussi des trucs qui me déplaisent : des réunions interminables, des bilans MDPH, des tests de QI… Mais c’est comme tout, même quand on vit de la musique il faut faire des trucs qui nous déplaisent : passer du temps à travailler ses gammes, porter du matériel super lourd, négocier des contrats pour les concerts, etc. Quoiqu’il en soit, quel que soit le métier que l'on choisit il y a toujours des trucs déplaisants. Et c'est ça qui permet de s’amuser le reste du temps.

 

            Etre psychologue c’est un peu comme être musicien. Il faut savoir écouter. Bien sûr quand on est psychologue (et j’ose ajouter, psychologue professionnel) on peut aussi être musicien à ses heures perdues. De la même manière quand on est musicien professionnel, on peut être psychologue à ses heures perdues (avec les autres membres du groupe, avec les tourneurs, les patrons de bar, le type du public complètement ivre en fin de soirée)… Ce qui compte, c'est d'être satisfait de l'activité qui nous prend le plus de temps.

 

            Et là, on en revient à ce que je vous disais au début. Quoi que l'on fasse : du cirque, de la musique, du tir à l'arc, des études, du sport... si l'on veut le faire bien, il faut du temps. Évidemment, écouter c'est pareil. Cela prend du temps pour apprendre (peut-être que cela peut sembler idiot à certain, pourtant : qu'il est difficile d'écouter et d'entendre...)

 

            Il y a le sens, le son, le silence, la scansion etc. Mais bon, je ne vous apprendrais rien et je n'ai rien inventé. Il plein de gens qui en ont parlé, à commencer par ce... Freud.

 

Écouter : non seulement cela s'apprend, mais en plus cela nécessite du temps. Et ça, certaines instances administratives n'arrive pas à l'entendre. Car pour eux, le temps c'est juste de l'argent, et l'homme n'est qu'un agent inter-changeable. Le problème c'est que l'agent de l'argent n'est jamais content.

 

            La question est : puisque le temps c'est de l'argent mais que le temps loge hors de l'horloge, ou loge l'or? (C'est pour voir si vous suiviez toujours ou si je vous avais perdu.)

 

            A l’internat, je vais parfois me mettre au milieu de la salle commune avec une guitare pour jouer et chanter. La première fois, j’ai vraiment eu l’impression d‘être une petite lampe au milieu de l’obscurité en été. Tous les jeunes présents sont venus autours de moi tel des papillons de nuit. Voilà la scène :

 

            Au milieu de la salle, je me pose sur un canapé et je joue une rumba gitane en poussant la chansonnette. Les jeunes viennent s’agglomérer autour de moi. Ils me parlent, se parlent, se coupent la parole, me posent des questions, bien que visiblement je sois occupé par ce que je fais. Du coup, plutôt que de m’interrompre je réponds en chantant. Moment de sidération. Tout le monde s’arrête et écoute. J’improvise un texte (l’improvisation : encore un rapport entre le métier de psy et celui de musicien). Je parle de ce qui se passe dans la pièce, des jeunes qui sont là, de ceux qui ne sont pas là, de ceux qui écoutent à coté, de ceux qui écoutent de loin, etc. Et puis je lance comme ça : à toi Hellène ! Et là, Hellène commence à improviser. Au début tout doucement, mais petit à petit sa voix sort. Puissante, très incarnée. Ce n’est pas forcément très juste musicalement. Mais l’intention est juste. Alors ça sonne. (Est-ce de la musique gitane pour reprendre Boby Lapointe ?)

 

            Hellène d’habitude si inhibée, chante et improvise des textes. Elle parle de ses petits camarades, leur dit qu’elle les apprécie. Elle fait un "big up" en quelque sorte, mais Hellène n’est pas une rappeuse. Hellène ne s’appelle pas Hellène. C’est moi qui l’appelle comme ça. Hellène avec deux L. Parce qu’elle plane parfois.

 

            Et puis il y a le petit Elias. Il n’est pas grand mais il prend beaucoup de place. Il a un besoin presque cannibalique d'attention. Il demande de l’attention. Tout l’attention rien que pour lui. Il parle, il crie, il bouge sans arrêt. Il fait du bruit. Il veut toujours commander les autres. Pourtant, là il écoute. Mieux que ça, il demande si lui aussi peut chanter. Et il chante. Il a une petite voix pour une fois. Tout le monde l’écoute attentivement. Il sourit. Après un moment je dis que c’est à quelqu’un d’autre de chanter. Il se tait et accepte d’écouter. Ce qui n’est vraiment pas son habitude.

 

            Puis, c’est au tour de Yasmine. Elle est trisomique. Souvent quand elle parle elle articule assez mal. Elle part dans des monologues. Et personne ne l’écoute. Pourtant là, tout le monde l’écoute. Alors elle fait un effort. Elle articule un peu mieux. Pour une oreille extérieure cela pourrait sembler insignifiant. Mais pour qui la connait, c’est assez incroyable. Pour qui la connait c’est même beau. C’est beau parce que ce serait beau même pour une personne qui ne la connaitrait pas. Cela sonne.

 

            Et il y a Stanis qui se met à chanter. C'est un jeune adulte très à l'aise dans son corps mais qui articule très mal. Quand il parle on a beaucoup de mal à le comprendre. Il est souvent dans des positions enfantines : il nous colle, il nous appelle papa et maman. C'est pour rire, mais pas tout à fait non plus... Là, il y a un truc qui se passe : tout d'abord, il chante avec une belle voix grave. Il est parfaitement juste et ça sonne très bien. Et en plus on comprend ce qu'il dit : il improvise un texte absolument magnifique.

 

            C’est une bulle délicate, un instant de grâce. En flamenco, on dit qu’il y avait le Duende. Le Duende c'est une notion assez difficile à traduire. Cela signifie "Lutin" mais étymologiquement cela viendrait de dueño, propriétaire, et en ce sens c'est une sorte de transe. Ce serait un niveau d'engagement de quelqu’un qui ne triche pas avec ses émotions, pour atteindre une expressivité extrême, idéale, parfaite dans l'instant. Le Duende ne se commande pas, ne se choisis pas, il vient certain soir. Il est hors du temps.

 

            A cet instant, le temps s'est aboli et nous avons joué ensemble. Nous avons joué de la musique mais surtout nous nous sommes amusés. Bien sûr, nous ne sommes pas des joueurs de flamenco (même si moi j’adorerais.). Et le Duende n'est pas venu en vrai.

 

            Cette petite vignette clinique n'en est qu'une parmi d'autres. Parce que depuis, nous faisons régulièrement et de manière spontanée des petites sessions. Elles ne sont pas toujours aussi fortes. Parfois, elles sont même insignifiantes. Mes collègues se prêtent volontiers au jeu de l'improvisation. Certains ne sont pas du tout musiciens mais ils acceptent de prendre le risque, de se mettre en jeu. Et cette fragilité participe de la beauté de ces instants.

 

            Depuis, nous avons même fait un concert avec certains des jeunes. Mais nous avions pris le temps de répéter et de préparer les morceaux, bien sûr. C'était magnifique. Et nous allons rejouer vendredi 13 avril 2018 sous un chapiteau installé par la compagnie Zépétra à l'IME la Pinède. C'est à partir de 19h et ce sera accompagné d'un couscous. Les bénéfices iront au profit d'un voyage au Maroc pour les jeunes. Vous êtes bien-sûr conviés.

 

            Finalement quel est le lien entre la clinique, "faire de la guitare" avec les jeunes, et le temps pour le tempo ?

 

            Jouer de la musique nous a permis de nous écouter. Parce que si on ne s'écoute pas c'est juste du bruit. Donc assez naturellement les jeunes ont réussi à s'écouter les uns les autres. Pour tout vous dire : l'écoute est beaucoup moins naturelle lors des groupes de parole.

 

            Cela nous a aussi permis de nous entendre. Dans tous les sens du terme. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais en gros la "performance" de Yasmine, qu'elle a réitéré lors du concert, a apaisé pas mal de moqueries de la part des autres. Même si les choses ne sont pas parfaites. A l'internat, les jeunes n'arrivent pas toujours à s'entendre. Comme dans tous les groupes d'adolescents, comme dans tous les groupes humains... Mais en tout cas, les paroles qu'ils peuvent avoir les uns envers les autres lors de ces sessions d'improvisation, sont toujours extrêmement bienveillantes et apaisantes. Ce sont des moments sans tensions.

 

            Cela leur a aussi permis de s'entendre dans le sens de s'écouter. C'est probablement pour cela que Yasmine et Stanis, qui ont tous les deux de gros problèmes d'articulations, parviennent à chanter de manière aussi compréhensible. Parce qu'ils s'écoutent différemment ; ils s'entendent autrement.

 

            En fait, nous sommes dans une position analytique. Car une des définitions de la psychanalyse pourrait être « écouter l’autre pour lui permettre de s’entendre ».

 

            Et pour cela, il faut du temps. Du temps pour se rencontrer et apprendre à se connaitre, du temps pour ces moments informels, ces temps de vide où une guitare peut faire évènement. Parce que, probablement qu’il en aurait été autrement s'il s'était s'agit d'un atelier de musique formalisé. Les choses peuvent se passer ainsi car il s'agit de temps informels.

 

            Et j'ai vraiment la chance de travailler dans une institution qui prend le temps de penser, et qui se donne le temps. Qui se donne le temps pour le tempo.

 

            Parce que si temps c'est de l'argent, l'argent n'est pas du temps. Avoir du temps est le plus grand des luxes. Parce que finalement le temps c'est la seule chose dont on puisse disposer. Par instants. 

 

XXXV èmes Journées Vidéo-Psy

Nous voilà cette année encore à l'Institut Nazareth, 13 rue de Nazareth en mars 2024. Le rituel printanier se poursuit

Organisées par le C.R.A.P.S

(Dr R.BRES), le groupe Vidéo-psy et le CHU de  Montpellier,

Les journées sont gratuites et ouvertes aux personnels de santé et aux partenaires sociaux sans inscriptions préalables.

 

REGARDS

 

CROISES SUR

 

LA MÉMOIRE